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Un musée angevin insolite : le Château-Musée des coiffes et des traditions

Détail de Mademoiselle Ferrand méditant sur Newton, 
Quentin de la Tour, 1753 (Munich, Alte Pinakothek).

Beaucoup d'automobilistes passent devant, tous les jours, sans y prêter attention. Ils connaissent le contenant (le château des Ponts-de-Cé), mais pas toujours le contenu du lieu. C'est bien dommage, car un véritable sanctuaire de tradition séculaire s'offre au regard des visiteurs qui s'arrêtent ici au 4 rue Charles de Gaulle ! Tel un bijou de savoir-faire qui serait mis en valeur et protégé par un inexpugnable écrin médiéval, le Château-Musée des coiffes et des traditions s'est imposé au fil des années comme l'une des grandes fiertés culturelles de la ville des Ponts-de-Cé.

Le château des Ponts-de-Cé

Collections permanentes (Anjou, Bretagne, France plus généralement), expositions temporaires et ponts entre les ouvrages anciens et la création contemporaine, évènements transversaux dans la commune, visites guidées... D'un grand dynamisme, l'équipe qui anime le musée du printemps à l'automne, est également composée de personnes pédagogues et enthousiastes, qui savent communiquer leur passion et entretenir la mémoire des techniques de fabrication des coiffes. Rencontre.

Aubancien : Bonjour Edwige Chatoux ! Merci à vous d'avoir la gentillesse de répondre à mes questions.

Edwige Chatoux : Merci de l’intérêt que vous manifestez à l’égard de ce musée insolite.

A : Vous êtes secrétaire de l'association Les Amis du Musée des coiffes et des traditions. Pourriez-vous nous en dire plus sur votre rôle dans l'association ?

EC : En dehors de la partie purement administrative et organisationnelle de mon activité, je suis un peu la touche-à-tout de l’équipe, selon les besoins : un peu de communication, un peu de recherche (données techniques ou historiques, repérage d’artisans d’art ou d’artistes en lien avec le montage des expositions à venir par exemple), un peu de mise en forme des textes, visuels et documents collectés pour les panneaux et fiches techniques pour les expositions du musée, l’accueil des groupes aux côtés du Conservateur pour les visites guidées etc.

Attention, je ne suis que la face visible de l’iceberg car le choix du thème et le montage des expositions temporaires est un vrai travail collectif nécessitant des talents et compétences variées.

En outre, tout au long de l’année, un immense travail de récolement avec prise de photos et mise en fiches des pièces conservées s’effectue discrètement en réserve. Des groupes d’échanges de savoirs réunissent aussi régulièrement nos adhérents ou nos invités pour la pratique des divers arts du fil ou lors de stages de repassage de coiffes.

A : Je fréquente le Musée des coiffes depuis plusieurs années. Sans jeu de mot, je lui tire mon chapeau car il a réussi à me fidéliser alors que j'étais très éloigné des thématiques qu'il recouvre. J'ai été conquis par la finesse du travail manuel (les heures que cela représente !), la variété insoupçonnée des formes (chaque commune avait sa spécificité), l'élégance de la dentelle ajourée et de ces ouvrages qui semblent à la fois légers et à l'épreuve du temps. J'ai vu l'an dernier l'exposition consacrée au boutis, ainsi que des démonstrations durant les Journées européennes du patrimoine. Quel retour d'expérience pouvez-vous nous donner de cette exposition, et plus largement, de l'année 2022 ?

EC : La saison 2022 a été marquée par l’après Covid et le retour progressif et encore timide des groupes qui sont moins nombreux mais peut-être plus avides de données techniques. Il est vrai que le thème du matelassage des textiles et en particulier du boutis n’était pas très grand public. Cependant, il a été très gratifiant de constater que les visiteurs partageaient le même étonnement que les membres de l’association lorsque ces derniers préparaient l’exposition et découvraient les pièces étonnantes collectées lors d’un tour de France de près de 2000 km ! Et puis nous avons fait de très belles rencontres : des boutisseuses et des artistes passionnées et passionnantes qui ne comptent pas leur temps et qui ont partagé avec nous le goût du bel ouvrage… 

: Le Musée des coiffes et des traditions, comme son nom le suggère, fait la part belle à l'art des coiffes, mais pas uniquement ! Il y a notamment des pièces dédiées aux objets du quotidien de nos aïeux angevins, ainsi qu'une salle peuplée de santons. Pouvez-vous nous parler du volet "traditions" de ce lieu ?

EC : Dans la salle des Poètes angevins aménagée comme un ethno-musée, le visiteur entre dans un intérieur du XIXème siècle : la table est mise et l’arrière-cuisine recèle plein d’objets insolites surtout pour nos jeunes visiteurs. Les poètes angevins et leurs rimiaux (poèmes et chansons en patois angevin) du début du XXème siècle y sont évoqués ainsi que la tradition des Naulets, sorte de santons angevins créés par Paul Maudonnet, la boule de fort etc.

Tout en haut du château-musée, dans la salle du chemin de ronde, sont également exposées de très nombreuses poupées dites « folkloriques » venant du monde entier. Ce type d’objets de collection a commencé à être commercialisé avec l’apparition des congés payés et a été très à la mode pendant plusieurs dizaines d’années au XXème siècle : qui n’a pas ramené ou n'a pas reçu ce souvenir de vacances pittoresque ?  

: Pourrait-on avoir un avant-goût du menu 2023 au musée des coiffes, afin de nous mettre en appétit ?

EC : 2023 sera l’année du chapeau et celle du cinquantième anniversaire du musée. Alors attendez-vous à des surprises…

A : Un dernier mot pour la fin ?

EC : Venez découvrir le musée des coiffes et des traditions, il s’y passe toujours quelque chose de nouveau !

A : Edwige Chatoux, je vous remercie beaucoup pour cet entretien. À bientôt !

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Entretien réalisé par Aubancien, le 31 janvier 2023.

Crédits photographiques : © Aubancien.